Historique :
            
                  La paroisse  aurait pu s’adresser à Jean Blési, facteur d’orgues suisse qui venait de  s’installer à Nancy, mais il n’avait encore aucun ouvrage d’importance à son  actif. Elle aurait aussi pu rester fidèle à Joseph Merklin, qui avait livré en  1864 un orgue de chœur de six jeux dans l’église Saint-Sébastien et qui envoya  un projet pour un grand orgue de 30 jeux sur trois claviers et pédalier. Mais  les fabriciens préférèrent s’adresser à Aristide Cavaillé-Coll, qui avait  réalisé un chef-d’œuvre en reconstruisant en 1857-1861 le grand orgue de la  cathédrale de Nancy, à quelques 500 mètres de l’église Saint-Sébastien. Le  devis envoyé par le grand facteur parisien n’a pas été retrouvé, mais il ne  demanda pas moins de 60.000 F pour un orgue de 44 jeux. 
                  Il semble que  l’organiste Rigaut ait préféré un grand instrument de facture régionale à un  plus petit commandé à Paris. Les facteurs Dalstein-Hærpfer avaient déjà  travaillé à Nancy avant la guerre de 1870. 
                  Les choses ne  traînèrent pas : trois délégués rencontrèrent les facteurs, qui rédigèrent  aussitôt un projet d’orgue d’une quarantaine de jeux, dont le brouillon est  conservé dans les archives Hærpfer : 
          I Grand-orgue (56 notes, C-g’’’) 
            Montre          16     C-E en bois, à partir de F en étain anglais  en façade. 
            Bourdon        16     C-h en bois, c’-f’’’ en étain.       
            Montre            8     En étain anglais, en façade. 
            Bourdon          8     C-H en bois, c-f’’’ en étain. 
            Flûte forte       8     C-h en bois,  c’-f’’’ en étain. 
            Gambe            8     Etain anglais fin. 
            Prestant          4     Etain. 
            Flûte douce     4     Etain. 
            Doublette        2     Etain. 
            Grand Cornet         Progressif et complet, en étain sauf C-H du Bourdon 8 en  bois. 
            Plein-Jeu   5 rgs     Etain. 
            Trompette       8     Etain, de grosse  taille. 
            Clairon            4     Etain. 
            
          II Positiv expressif (56 notes, C-g’’’)  
            Salicional      16     C-H en bois, puis  étain.. 
            Montre            8     Etain. 
            Bourdon          8     C-f’’ en bois, puis étain. 
            Flûte de Vienne 8   Bois. 
            Salicional        8     C-H en bois, puis  étain. 
            Flûte traversière     4       Etain. 
            Chor de chamois   4       Sic, en étain. 
            Viola                4     C-h en bois, puis étain. 
            Doublett          2     Sic, en étain. 
            Fourniture progressif              Sic, en étain, 3-4 rgs. 
            Basson          16     C-H en bois, puis étain. 
            Clarinett          8     Sic, en étain. 
          III Récit expressif (56 notes, C-g’’’) 
            Principal-Violon 8    Etain, jeu finalement  barré. 
            Bourdon          8     C-f’’ en bois, à doubles-bouches, puis  étain. 
            Viola                8     C-h en bois, c’-g’’’ en étain. 
            Eolienne          8     Etain anglais. 
            Rohrflute       [4]     Etain, marquée  par erreur en 2’. 
            Picolo              1     Sic, en étain. 
            Trompette harmonique   8      Etain. 
            Basson-Hautbois   8       Etain. 
            Voix humaine  8     Etain. 
          Pédale (27 notes, C-d’)   
            Flûte              16     Ou Principal 16, en bois. 
            Sous-basse   16     Bois. 
            Contre-basse 16     Bois. 
            Quint       10  2/3     Bois, bouchée. 
            Octavbaß        8     Bois. 
            Violoncello      8     Etain. 
            Bombard       16     Bois. 
            Trompett         8     Etain, de grosse  taille. 
          Accouplements II/I, III/I, accouplement  général 
            Tirasses I/P et II/P 
            Grand Crescendo pour tout l’orgue avec des accouplements 
            “Pedales pour obtenir  tout lorgues 40 jeux” 
            Appel des jeux d’anches 
            Trémolo III 
            “Donner” (=  Tonnerre) 
          Sommiers à pistons. 
            Traction mécanique en fer et cuivre, avec machine Barker  pour le grand-orgue. 
            Soufflerie avec deux réservoirs de 3,50 m sur 2 m. 
                  Avec son nombre  de jeux dégressif d’un clavier au suivant , son petit récit, ses jeux de fonds  plutôt allemands et son absence de flûtes harmoniques et de Voix céleste, cette  composition probablement rédigée par Charles Hærpfer, au vu des nombreux germanismes  du devis, fait plus référence à l’esthétique de Walcker, chez qui Hærpfer  apprit son métier, qu’à celle de Cavaillé-Coll. Mais elle ne semble pas avoir  découragé Rigaut. 
            
          La commande 
            
                  Le marché avec  les facteurs fut signé le 30 septembre 1879, prévoyant la composition suivante,  différente de celle du projet initial, probablement repensée par Rigaut : 
          I Grand-orgue (56 notes, C-g’’’) 
            Montre               16 
            Bourdon             16 
            Montre                 8 
            Bourdon               8 
            Flûte                    8 
            Viole de Gambe   8 
            Prestant               4 
            Flûte octaviante   4 
            Quinte            2  2/3 
            Doublette             2 
            Grand Cornet 5 rgs 
            Plein jeu        5 rgs 
            Basson              16 
            Trompette            8 
            Clairon                 4 
          II Positif expressif (56 notes, C-g’’’)        
            Principal              8 
            Flûte amabile       8 
            Cor des Alpes      8 
            Salicional             8 
            Eolienne              8    
            Flûte douce         4 
            Dulciana              4 
            Doublette             2 
            Trompette            8 
            Clarinette             8 
          III Récit expressif (56 notes, C-g’’’) 
            Quintaton           16 
            Diapason             8 
            Bourdon               8 
            Flûte harmonique 8 
            Voix céleste         8 
            Flûte octaviante   4 
            Octavin                2 
            Basson           8-16 
            Trompette harmonique   8 
            Basson-Hautbois 8 
            Voix humaine       8 
            Clairon                 4 
          Pédale (30 notes, C-f’) 
            Contrebasse      16 
            Soubasse          16 
            Quinte          10  2/3 
            Flûte                    8 
            Violoncelle           8 
            Flûte douce         4 
            Bombarde          16 
            Trompette            8 
            Clairon                 4 
          Accouplements II/I et III/I  
            Tirasses I/P et II/P  
            Accouplement général 
            Appel machine 
            Appel anches  
            Forte général 
            Pédale de crescendo 
            Trémolo III 
            
          De 1881 à 2004 
            
                  Le premier  ventilateur électrique fut posé avant 1914, par Dalstein-Hærpfer, comme  l’atteste une étiquette collée sur le portevent qui le relie au réservoir  primaire. 
                  Le relevage  suivant fut effectué en 1936 par la maison Jacquot. C’est à cette occasion que  furent ajoutés un accouplement III/II et une tirasse III/P, en supprimant  l’accouplement général et la pédale d’orage. L’ordre des trois bascules fut  également modifié, en réunissant côte à côte les bascules d’expression du récit  et du positif, qui étaient séparées par la bascule de crescendo. 
                  La même  entreprise revint en 1940 pour transformer l’appel des jeux d’anches de la  pédale, pour 550 F, puis en 1957 pour réparer les deux plus grands tuyaux de  façade, pour 63.550 F. 
            Vers 1970,  l’orgue était en mauvais état, la mécanique étant déréglée. Ce fut Philippe  Hartmann qui fut chargé de remettre l’instrument en état de marche, ce qu’il  fit fort respectueusement, sans la moindre tentation de baroquisation. Sur ses  conseils, l’orgue fut classé parmi les Monuments historiques le 12 mai 1978.  
                  Durant les  années quatre-vingt-dix, divers travaux d’entretien effectués en vue des  concerts du festival L’été de l’orgue ou d’enregistrements de disques permirent de remettre l’orgue dans un assez bon  état de jeu, même si l’état général est loin d’être satisfaisant. 
          En 2004, la restauration complète de  l’instrument est confiée à la manufacture d’orgues Laurent Plet de Troyes  associée à Jean-Baptiste Gaupillat de Noviant aux Près. 
          Christian LUTZ.2003 
            
          Discographie avant restauration : 
          Oeuvres de Franz Liszt et Guy Ropartz, enregistrées par Jean  Bizot chez K 617, K617055. 
          3e et 6e symphonies de Louis Vierne, enregistrées par Bruno  Mathieu chez Naxos. 
            
  
            
        
            
            
            
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